À Agrimax, l’agrivoltaïsme s’adapte à la région Grand-Est

Le 22 octobre 2024

Comment adapter les projets de production agricole en système agrivoltaïque à la vision des chartes départementales de la région Grand-Est ? La question a été débattue mercredi 23 octobre sur le plateau TV du salon des professionnels de l’élevage et de la polyculture, Agrimax, qui attire les acteurs de la filière au Centre Foires et Conventions de l’Eurométropole de Metz.

Le sujet a été abordé à travers plusieurs projets collectifs, par exemple celui de « La ferme agrivoltaïque de la grande ruelle » porté par Valérie et Florent Palin et leur fils Maxime, polyculteurs et éleveurs bovins bio à Brabant-le-Roi dans la Meuse. En collaboration avec leur voisin Alban Maillard, ce collectif vise à mutualiser des parcelles pour apporter la résilience nécessaire à la pérennité de leurs exploitations.

Pour les Palin, l’objectif de départ est de valoriser leur production de fourrage bio sur environ 25 hectares. À cette surface s’ajoutent 100 hectares supplémentaires, mis à disposition par Alban, actuellement céréalier en conventionnel. Ces terres seront transformées en parcelles certifiées bio et intégrées dans un système agrivoltaïque, offrant à Alban l’opportunité de diversifier ses activités tout en garantissant l’autonomie fourragère de l’élevage des Palin. Cette approche stratégique vise à créer un modèle durable et résilient, capable de répondre aux défis climatiques et économiques.

La transition vers un système agrivoltaïque sur 40 ans permettrait non seulement de financer cette transformation, mais surtout de pérenniser les exploitations et de préparer plus sereinement l’installation de Maxime Palin, le fils de Valérie et Florent. Actuellement engagé dans un parcours de reconversion professionnelle après son service dans l’armée de terre, Maxime est déterminé à reprendre l’exploitation familiale à plein temps dans les prochaines années.

Une démarche de transition et de transmission « gagnant-gagnant » coconstruite avec les agriculteurs, qui doit s’adapter aujourd’hui à la vision de la charte départementale particulièrement attentive à ce que les projets agrivoltaïques ne transforment pas les agriculteurs en rentiers de l’énergie, un positionnement logiquement cohérent avec les garde-fous posés par la loi d’accélération des énergies renouvelables.

Pour Chahrazed Keddar, cheffe de projet chez GLHD qui accompagne le projet de la Grande Ruelle dans ses phases d’études environnementales, agricoles, paysagères et techniques, « la démarche collective est fondamentale pour répondre aux contraintes des agriculteurs à l’échelle de leur exploitation. Dans le cas présent, le projet imaginé par les agriculteurs représente un atout pour l’élevage en système bio dont on connait les fragilités. Il apporte aussi une réponse crédible à la question de la transmission de l’exploitation ».

Elle précise : « Dans le département de la Meuse, notre équipe a collaboré avec l’ENSAIA de Nancy et la chambre d’agriculture pour étudier un projet agrivoltaïque à Ménil-la-Horgne. Ce projet vise à réintroduire l’élevage ovin sur 35 hectares de terres peu productives et de faible qualité agronomique. La diversification envisagée, permettant à un jeune céréalier de reprendre la ferme familiale, a été chaleureusement accueillie par la commune grâce à une démarche de démocratie directe, ainsi que par la chambre d’agriculture. Les nombreux échanges que nous avons eus ont permis d’adapter le projet de Ménil aux critères de la charte départementale tout en répondant aux attentes des agriculteurs et aux enjeux de ce territoire.

Chahrazed complète : « GLHD accompagne une trentaine de projets collectifs de productions agricoles en système agrivoltaïque en France. Les quelque 200 exploitants avec qui nous sommes engagés ont tous en commun d’être soumis à des contraintes fortes, de rendements, d’aléas économiques et climatiques ou encore de qualité d’eau. La diversité des projets agricoles qui nous unissent pose à chaque fois les défis de penser collectif, de créer des synergies, de prioriser une large concertation avec les acteurs du territoire et de réfléchir au partage de la valeur, en particulier à l’échelle des exploitations.

L’agrivoltaïsme est un nouvel outil qui ne peut s’envisager que dans la co-construction avec les agriculteurs, les élus de leurs communes, les services de l’État, les chambres, les citoyens, pour tenir compte des expertises d’usage et des spécificité locales. C’est notre marque de fabrique ».

Regardez l’émission « Réussir son projet agrivoltaïque dans la région Grand-Est » avec Chahrazed Keddar et Jean-Philippe Frossard sur le plateau télé du salon AgriMax :

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