Edito

Portrait : Audrey, 27 ans, ex-physicienne, aujourd’hui cultivatrice d’énergie

Le 21 mars 2022

L’information ne vous a sûrement pas échappé : selon le ministère de l’Agriculture, la France a perdu 100 000 exploitations agricoles en dix ans.

Nous pourrions choisir de vous parler des raisons de cette déprise agricole : conditions de travail, solitude, rémunération…

Nous pourrions.

Mais nous préférons vous expliquer pourquoi certain(e)s font au contraire le choix de se lancer dans l’agriculture.

Avec 25% de femmes chefs d’exploitation, coexploitantes ou associées et une moyenne d’âge de 55 ans dans la profession, il nous paraissait opportun de nous pencher sur celles qui participent au renouveau de la profession agricole. À l’image d’Audrey Juillac, agricultrice de 27 ans, installée avec son mari en Lot-et-Garonne depuis près de deux ans. « Il y a beaucoup de jeunes qui reprennent des exploitations familiales. Même quand on aime cela, ce n‘est pas caractéristique d’un choix volontaire de se tourner vers l’agriculture. Nous voulons montrer qu’il y a aussi des jeunes qui s’installent par passion et qui aiment ça. »

Audrey a participé aux 1ères Assises de la Fédération Française des Producteurs Agrivoltaïques (FFPA) en décembre dernier ; elle y avait fait une intervention marquante sur la responsabilité des agriculteurs dans les transitions de notre époque et leur fierté d’y contribuer collectivement grâce à l’agrivoltaïsme.

Et pour cause : l’histoire de ce couple illustre pleinement le potentiel de l’agrivoltaïsme qui s’adapte à un contexte territorial, participe au développement de nouvelles pratiques agricoles et contribue aux enjeux de notre société.

Physicienne et ingénieur mécanique de formation, Audrey et son mari réfléchissaient depuis un certain temps, déjà, à « tout plaquer » pour s’installer : « Une recherche de sens », précise-t-elle. Les événements se sont chargés de balayer les dernières hésitations : l’expérience du confinement aidant, ils ont franchi le pas et acheté leur terrain en 2020 : trois hectares de Surface Agricole Utile (SAU) dont 1 en maraichage biologique et permaculture pour démarrer. Un choix que le jeune couple justifie simplement : « La planète ne va pas bien, on a une responsabilité en tant que consommateur, en tant qu’humain, en tant que Français, et en tant qu’agriculteur également. »

Trois mois après leur installation, ils rencontrent GLHD à l’occasion d’une réunion publique sur le projet d’agriculteurs voisins réunis en association. La discussion s’engage, le contact est pris, et le couple rejoint rapidement l’association en incluant un champ encore non-utilisé dans le projet baptisé CAPES. « Notre problématique, c’était de vouloir vivre de façon pérenne de ce projet sans le modifier. » Chefs de projets en agrivoltaïsme et experts sont alors rapidement mobilisés pour étudier leurs attentes et leurs ambitions, et GLHD propose différentes pistes de réflexion liant les exigences du couple aux capacités de l’agrivoltaïsme.

Le projet final ? 2,3 hectares en maraichage et plantes médicinales, et qui contribuent à la transition écologique. Un objectif qu’Audrey et son mari n’auraient pu atteindre seuls : « C’est une réelle opportunité à ne pas laisser passer ! Quand on s’installe, cela peut faire la différence sur la trésorerie et ça permet d’accéder à des ressources que l’on n’aurait pas pu avoir autrement. Là, on a déjà un projet agricole mature ! » Et puis, « ce n’est pas GLHD qui installe des panneaux et nous nous adaptons, c’est un projet construit ensemble, qu’on a en commun ».

Une preuve de plus de l’intérêt de l’agrivoltaïsme pour les agriculteurs(trices), et dont Audrey porte aujourd’hui la voix, aussi bien à travers son projet que grâce à son engagement au sein de la FFPA : « Je suis sûre qu’il y a plein d’agriculteurs qui peuvent être intéressés sans le savoir, comme ce fut notre cas ; ça permet de rencontrer énormément d’acteurs et d’échanger sur ces projets, de collaborer et de les faire avancer. »

Audrey, 27 ans, physicienne reconvertie, agricultrice depuis deux ans, est de celles et ceux qui incarnent ce que nous, GLHD, souhaitons soutenir et défendre depuis maintenant 4 ans : l’avenir d’un monde agricole redynamisé, engagé, symbolique de ce que nous attendons du monde de demain.

"Je suis sûre qu’il y a plein d’agriculteurs qui peuvent être intéressés sans le savoir, comme ce fut notre cas."

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